
BEAUTY IN THE FRAGMENTS
Le millésime 2023 de Rauzan-Ségla a l’éclat des âmes résilientes. Les conditions, parfois rétives, furent autant d’occasions d’éprouver la part de l’homme. Le vin qui en résulte est un grand geste rassembleur, synthèse de ce que le minéral, le végétal et le savoir-faire font de mieux quand ils s’accordent au défi. Un vin complexe, exigeant de proportion et d’harmonie — sève, fruits et fleurs convergent en lui d’une même délicatesse. Et du relief, assurément, comme la pointe de fierté que procure l’épreuve réussie.

PARCELLES
DENTELLE DE TERROIR, LES PROMESSES QUADRILLÉES.
UNE FRACTION RÉVÈLE.
Depuis des millénaires, le temps archive ici des sols que la géologie, en ses lois patientes, défait et recompose. Graves, argiles, sables : la nature a eu, sur les soixante-dix hectares du domaine, le talent de marqueteur. Un ouvrage de complexité qui a vu s’imposer, dès 1994, une réponse parcellaire, voire intraparcellaire. Qu’importe la surface, même infime, si une facette de Rauzan trouve à s’y exprimer…

Toutes les attentions, entre vendanges et vinifications, adoptent donc cette petite échelle. C'est aussi en ce sens qu’une restructuration du vignoble a été amorcée. Un travail de haute précision — autant que de longue haleine — pour ajuster les paramètres de la vigne (porte-greffes, cépages, densité, etc.) aux affinités du terroir. Plus que jamais, le sur-mesure pour aiguillon. Et une confession: le futur de Rauzan s’écrira avec plus de cabernet-sauvignon…

Des gestes, précis et bienveillants, qui dévoilent un art collectif du qui-vive.
Fragments




GESTES
CIEL VERSATILE.
HUMEURS, FRONDES ET LUBIES
— RÉPONDRE PRÉSENT.
Le climat de l’année a joué l’adolescent, flirtant avec les extrêmes. Les équipes, plus vigilantes que jamais, ont donc chaperonné la vigne, alternant l’alerte et l’euphorie sans transition. De pluies, l’hiver est avare, le printemps généreux. Puis, à l’orée de l’été, une impression tropicale avec des chaleurs qui saturent les taux d’humidité. Double tranchant : le matériel végétal, nourri d’eau et de soleil, pousse allegro vivace mais sous haute pression sanitaire (le mildiou guette).
Point de répit, donc, dans la conduite et la protection de la vigne. Fins de semaines et jours fériés sont d’ailleurs exceptionnellement mis à contribution pour relever, écimer, rogner. Des cadences exigeantes et dévouées — on ne badine pas avec le risque, a fortiori en conversion bio. Des gestes, précis et bienveillants, qui dévoilent un art collectif du qui-vive.

FRUITS
UNE ANTHOLOGIE,
OU MILLE FEUILLES À RELIER.
QUELLE EST TON HISTOIRE ?
D’une manière presque prophétique, le cabernet-sauvignon est la pièce très largement maîtresse du millésime avec ses 85% de présence dans l’assemblage — d’ici dix ans, le vignoble aussi lui aura ménagé une place d’envergure.
Cette année, il produit des jus d’une grande délicatesse, trame racée mais aérienne aux accents de rose fraîche et de fleur de cassis. Puis vient le merlot, à 13,5%, en contrepoint discret de rondeur. Ses jus sont gourmands de petits fruits rouges, noirs, mûrs. Une générosité expressive et enveloppante, tout en galbe. Enfin, le petit verdot, à 1,5%, fait une apparition concise mais remarquée. Ses jus explorent la fleur : sève de tige, légère amertume de feuille, fraîcheur de pétale.

L'assemblage

85%

13,5%

1,5%
Plus élégant que charnel, plus maîtrisé qu’opulent, il frappe par sa complexité et ses jeux d’équilibre.
TRAITS
GOÛT DES PROPORTIONS
— L’ÉQUILIBRE APRÈS L’ORAGE.
CŒUR PROFOND, RELIEF.
Le millésime 2023 est d’une très belle facture qui dépoussière l’exercice médocain. Plus élégant que charnel, plus maîtrisé qu’opulent, il frappe par sa complexité et ses jeux d’équilibre. Un vin tenu qui porte haut sa couleur rouge à l’œil, au nez, au palais.
Rouge frais et mûri de la groseille, du cassis. Rouge frais et floral de la rose au matin. Rouge boisé du cèdre. Rouge épicé du poivre aguaribay.
Beaucoup de sophistication dans le caractère — il en fallait pour affronter l’année tout en restant fidèle à l’excellence de Rauzan

DOCUMENTATION







